En d’autres temps, c’est un album qui aurait succédé au précédent. Surtout quand le précédent en question, Essenciel, datait de quatre ans et avait été certifié platine. Et bien non. Pas cette fois.

Zazie revient donc avec un EP. Une première fois pour elle. Quatre titres dont le dernier de la bande, “Let It Shine (radio edit)”, est présenté ici trois mois après sa naissance officielle, accompagnée elle-même alors par un clip vidéo qui déménageait dans tous les sens du terme. “Ça correspondait à mon énergie personnelle, à une envie de me secouer au sens physique du terme”, confie-t-elle à ce sujet.

Un EP donc. L’EP même, puisque c’est le nom savant à souhait qui a été donné à ce nouveau projet. “J’avais envie de légèreté, livre Zazie en guise d’explication. Le processus d’un album fait aussi qu’il peut s’écouler pas mal de temps entre le moment où tu couches une idée ou un thème sur une feuille et celui où le public les découvre. Or, je ne veux pas m’interdire d’avoir cette résonance à ce que je vis en temps réel”.

Un EP en “direct live” en quelque sorte. Et pour ce qui est d’être direct, on sera plutôt servi ! Dans les tonalités. Dans les mots aussi. Surtout les mots ? Car Zazie se livre, plus que jamais sans détour. Dès ce “Ça commence” introductif, où elle n’hésite pas à admettre combien les à-côtés d’une tournée peuvent lui peser de plus en plus, sans chercher non plus à se plaindre et perdre de vue la chance qui est la sienne. “La complainte de la pauvre artiste qui gagne de l’argent, trop peu pour moi, insiste-t-elle. Je trouve ça indécent”.

Si, dans la foulée, “Gravité” paraît plus contemplatif, nappé de mélancolie tout en cherchant à combattre celle-ci, il s’agissait de passer le cap de cette première phrase à tiroirs et jeu de mots qu’elle affectionne tant : “La gravité, il faudrait l’éviter”. Mission largement accomplie, cela va sans dire, dans cette volonté réaffirmée de “défier les lois de cette pesanteur-là”.

Parfait contrepoint, “Gilles” démarre par une bordée de jurons et injures, que Zazie admet avoir pris un réel plaisir à faire rythmer, à faire rimer. Mais sans que rien ne soit gratuit pour autant, mais bien l’amorce d’interrogations sur un soi-même que l’on ne comprendrait pas tout à fait, tout en s’en amusant.

“Let It Shine”, enfin. Comme un écho à la pandémie et aux confinements. Une chanson d’insomnie aussi, cette insomnie “accompagnatrice” depuis l’enfance mais que Zazie a appris à apprivoiser, à mettre à profit en tout cas pour la muer en temps privilégié, productif. “Se plonger dans le noir, peut-être qu’il nous faut ça pour y voir plus clair”, ainsi que l’énonce la fin d’un couplet de la chanson…

Un fil conducteur qui relierait ces quatre nouvelles chansons ? Zazie assure que non, sinon, une fois de plus, ce besoin de légèreté par rapport à l’état du monde et son état dans ce monde. “Et ce n’est pas fini…”, lâche-t-elle en guise de conclusion… temporaire. Voilà qui tombe bien, personne n’a vraiment envie que ça s’arrête…

Zazie : « L’EP » | Sortie le 23 septembre