C’est le disque d’une femme forte, puissante, entrée dans la lumière. Qui a su explorer ses failles, accepter ses faiblesses pour renaître, et faire entendre sa voix dans toutes ses nuances. Out, c’est une porte qui s’ouvre, quelque chose qui s’éclaire. Mais surtout, une véritable déclaration d’indépendance.
C’est d’ailleurs un autre disque en forme d’échappée belle qui a donné à Kimberose son premier choc musical, lorsqu’elle était adolescente. 1998 : la chanteuse des Fugees sort son premier album solo, The Miseducation of Lauryn Hill, perle de soul moderne dont Kim Kitson-Mills fait sa « bible musicale », et qu’elle écoute encore aujourd’hui. Tirant le fil d’un prestigieux lignage, elle découvre Billie Holiday, Ella Fitzgerald, Louis Armstrong et Sam Cooke en même temps que son instinct pop se développe via les albums des Destiny’s Child ou ceux de Madonna, trouvés dans la collection de cassettes de son père. Sa voix, elle, semble être là depuis toujours : Kim sait qu’elle possède un trésor, l’exerce « à la sauvage » en chantant sans cesse, de sa chambre d’enfant à la cour de son lycée. C’est quand elle s’entoure d’un groupe, en 2015, qu’elle apprend à la travailler : « chanter avec des musiciens, c’est, d’une certaine manière, passer au dessus d’eux, être à la hauteur. C’est là que j’ai commencé à muscler ma voix, que j’en ai découvert d’autres façettes. » Kimberose est née, avec un premier EP It’s probably me, en 2017, suivi d’un album, Chapter One, en 2018, qui l’emmène sur les scènes des plus grands festivals. Un succès qui lui permet de s’affirmer en tant que chanteuse, auteur et compositeur. Et de prendre confiance, peu à peu.
Kimberose change, grandit, mûrit. Décide de tracer sa route, sans groupe pour l’entourer. Seule, mais pas isolée : elle multiplie les rencontres, s’ouvre à d’autres univers, travaille avec le Britannique Blair MacKichan (Sia), avec Jeremy Louwerse, le bassiste qui l’accompagne en tournée, ainsi qu’avec son propre frère cadet Brian. Et confie la réalisation du disque à Régis Ceccarelli, qui comprend comme personne la direction qu’elle veut lui donner. Résultat : Out est un deuxième album en forme de libération dont le single Back On My Feet, hymne à la reconquête de soi, donne à tout l’album un superbe élan. Porté par des choeurs gospel, des cuivres brillants et un groove solide, il entraîne dans sa foulée les fougueux Warning Signs, Escape ou Only Lessons, qui célèbrent cette puissance acquise lorsqu’on apprend de ses faiblesses. Et qu’on les accepte aussi. « C’est en étant plus indulgente avec moi-même que j’ai commencé à m’affirmer, à exprimer ce que je voulais vraiment ou pas, explique Kimberose. C’est aussi un risque, ça demande de se battre avec ses propres peurs. Mais quand on on est fier du résultat, ça donne énormément de force. » C’est ce cheminement intime qui traverse les titres les plus solaires de l’album, héritiers des grandes heures de la soul sixties et du rn’b, du ludique Sober au vibrant Weak and Ok.
Tous déploient plus que jamais les nuances de l’incroyable voix soul de Kimberose, que les remous de la vie ont façonnée. Et ce, même dans ses replis les plus intimes, qu’il s’agisse d’évoquer un deuil dont on ne se remet jamais tout à fait (bouleversant We never said goodbye, dont le souffle de cordes rend hommage au père de Kimberose, à qui elle s’est promis de dédier un titre sur chacun de ses albums) ou d’explorer un amour ambivalent comme sur le crépusculaire By the sun, composé en duo avec Sofiane Pamart. Le pianiste français accompagne également Kimberose sur L’envie de valser, sa première chanson en français. Un titre en forme de doux adieu, qui largue les amarres du passé pour s’ouvrir à d’autres lendemains, exprimer pleinement son désir.
Et laisser, encore une fois, une porte grande ouverte vers l’avenir.