Avec Ex aequo, Marie-Flore plonge au cœur d’un moment clé des relations amoureuses : la rupture. Pas l’amour naissant, pas la chute progressive, mais cet instant précis où tout bascule. Cet instant où l’amour devient un duel, où les mots frappent comme des uppercuts, où l’issue est incertaine. Rouge vif comme le désir, rouge profond comme la douleur.
« L’amour comme un duel, des chansons comme des uppercuts »
Ex-aequo est un album qui dissèque l’amour avec lucidité et ironie, racontant ces moments où tout se joue, où les cœurs se brisent ou s’accrochent. À travers 11 chansons ciselées, Marie-Flore nous entraîne dans ce face-à-face amoureux, entre caresses et coups bas, mélancolie et sarcasme. Elle n’écrit pas sur l’amour parfait, mais sur ce qui en reste quand l’illusion s’efface. Sa musique est à son image : contrastée et intense. D’un côté, une empreinte rock brute et sans fioritures, inspirée du Velvet Underground et qui puisent son essence dans les sixties. De l’autre, une sensibilité orchestrale, où les cordes et les arrangements viennent sublimer l’émotion, parfois en touches discrètes, parfois dans une ampleur cinématographique.
Une écriture tranchante, entre ironie et tendresse
Marie-Flore ne mâche pas ses mots. Chaque phrase est une punchline, un instantané d’émotion brute, où le mordant se mêle à la sensibilité. Pas de mièvrerie, pas d’envolées grandiloquentes, mais des textes qui frappent juste, qui transforment les drames du quotidien en refrains inoubliables, en chansons qu’on verrait bien sur grand écran. Chaque titre est un polaroïd d’émotions, autant de phrases qui sonnent comme des maximes modernes sur l’amour et ses illusions : « J’en garderai quelques séquelles, si laides qu’elles en deviendront belles, comme mes souvenirs de gosse qui reviennent, en bas des barres de mon HLM » (Tout dit) / « Je pars maintenant et c’est ainsi, si l’on s’est aimés mais rien promis, et si tout à coup mon ton se durcit, c’est que nos râtés sont bien réussis » (Je pars) / « Évidemment qu’il y a un rapport, entre, toi et mon verre rempli à ras bord » (Bien entendu) / « L’amour ne trouve sa place que sur une moto sans casque » (FTG)
Une artiste qui cultive le mystère, mais touche en plein cœur
Marie-Flore intrigue autant qu’elle captive. Un regard perçant, une silhouette seventies, un univers visuel soigné, un anticonformisme loin de la pop pastel et tendre, tout en elle semble mesurer la distance entre la passion et la retenue.Sa musique, elle, ne se retient pas. Elle s’y livre avec une sincérité brute. Son écriture n’est pas seulement intime, elle est universelle : elle parle à tous ceux qui ont aimé, perdu, espéré. Derrière l’évidence mélodique de Ex aequo, il y a une ambition sonore et une exigence musicale de chaque instant.
Marie-Flore s’autorise à rêver grand : les instruments à corde brisent les cadres et occupent toute la toile. Des morceaux comme Tout dit avancent sur fond d’un orchestre de 40 musiciens, avec lesquels elle a enregistré les titres pendant deux jours. De la composition aux arrangements, en passant par l’orchestration, tout est l’œuvre de Marie- Flore. Pour se faire, elle s’est perfectionnée en suivant une formation avec Jehan Stefan, orchestrateur de musique symphonique pour l’industrie discographique et le cinéma (Fast and Furious, Le Comte de Monte-Cristo).
Pour ce disque, Marie-Flore s’est aussi entourée d’une équipe de musiciens pleins de talent, tels que les pianistes François Henri et Jean-Max Méry, le bassiste Jérémy Louwerse et le guitariste Grégoire Mahé. En complicité étroite avec le producteur et batteur Marlon B. (Juliette Armanet, Mathieu Chedid), Marie-Flore a réalisé chaque facette de Ex aequo pour atteindre une vraie cohésion.
Un parcours marqué par l’indépendance et l’exigence
Née en banlieue parisienne à la fin des années 80, Marie-Flore, qui doit son nom à une balade de Joan Baez, grandit dans une famille portée par la culture. Son père est un passionné d’écriture et sa mère mélomane. A la fois bonne élève et allergique aux normes, elle trouve un réconfort dans la musique : notamment dans la palette de timbres infinis de l’alto, instrument qu’elle étudiera pendant huit ans au conservatoire. La composition fait surface très tôt dans sa vie et lui ouvre les portes à d’autres instruments dont le piano, puis la guitare. D’abord attirée par l’anglais, elle écrit ses premiers morceaux dans la langue de Leonard Cohen et du Velvet Underground, avant de faire un virage vers le français, où elle trouve une immédiateté qui lui correspond mieux.
De 2009 à 2023, Marie-Flore a publié un EP et trois albums. Elle a fait les premières parties des concerts de Pete Doherty et collaboré avec Julien Doré, qui l’a accompagnée sur Palmiers en hiver, ou encore Benjamin Biolay. « Mon amour, c’est quoi ton parfum. J’ai l’impression que ça sent la fin », chantait-elle sur Tout ou rien, titre envoûtant de son deuxième album, Braquage (2019), qui lui a valu 2.7 Millions de vues et 15 Millions de streams sur les plateformes. Les sentiments s’y affrontaient sur un ring musical sur fond de couleurs éclatantes et de nappes de synthés.
Observatrice de l’âme humaine, à la fois mordante, pleine d’ironie et proche, Marie-Flore a toujours été soucieuse d’en dépeindre la pureté et les stratagèmes. Sur Je sais pas si ça va, son deuxième opus sorti en 2022, elle nous faisait danser sous la boule à facette enveloppés de cordes flamboyantes.
Aujourd’hui, avec Ex aequo, elle signe son album le plus personnel, le plus intense, le plus captivant. Un disque qui parle d’amour, de rupture, mais surtout de ce qui reste après.